NMD et la Crise de l’Eau : Déconstruire le lien entre les Retards d’Implémentation et le Désespoir Socio-économique de la Génération Z au Maroc
Stress Hydrique, Retards du Plan National de l'Eau et Avenir Incertain : la crise environnementale comme accélérateur de la frustration de la Gen Z face à la gouvernance.
Face à l’aggravation de la pénurie d’eau au Maroc, le Nouveau Modèle de Développement (NMD), publié en avril 2021, trouve son origine dans un constat critique. En effet, il considère que le modèle antérieur était devenu « inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens ». De plus, ce modèle peinait à réduire efficacement les disparités sociales et territoriales. Par conséquent, ce rapport général identifie la nécessité urgente de s’attaquer à des « nœuds systémiques et freins au développement » qui entravent la trajectoire de progrès du Royaume.
Dans ce contexte, la gestion de l’eau est positionnée comme un enjeu hydrique majeur, qui relève de la souveraineté et de la durabilité du pays. Le NMD souligne que la sécurité hydrique du Maroc est « précaire ». Cette situation révèle une vulnérabilité aiguë face aux changements climatiques. De surcroît, cette fragilité est exacerbée par des pratiques d’usage qui n’intègrent pas la raréfaction croissante de la ressource. La question de l’eau est donc intrinsèquement liée aux défis de la résilience territoriale et de la durabilité économique.
- I. Le Cadre Stratégique et l’Urgence de la Crise Hydrique au Maroc
- II. Principes Méthodologiques de la Science de l’Implémentation et de la GAR
- III. Analyse de l’Implémentation (IS) : Évaluation des Retards des Réformes Clés du NMD (2021-2024)
- IV. Causalité et Conséquences du Retard d’Implémentation sur le Stress Hydrique au Maroc
- V. Recommandations Stratégiques pour un Réamorçage Accéléré (2025–2035)
- A. Refonte de la Gouvernance : Mise en Place Immédiate de l’ANGE et Définition de Mandats Axés sur la Performance
- B. Levier Financier et Économique : Feuille de Route de la Tarification Progressive et Financement des Infrastructures NCW
- C. Accélération IS des Projets NCW (Dessalement et Réutilisation)
- D. Stratégie de Résilience Territoriale : Intégration de l’Eau dans les PDR
- E. Conclusion et Perspectives
- Références
I. Le Cadre Stratégique et l’Urgence de la Crise Hydrique au Maroc
A. La Philosophie du Nouveau Modèle de Développement (NMD) et l’Eau comme « Nœud Systémique »
Le cadre d’action pour les ressources en eau est clairement formalisé sous l’Axe Stratégique 4, intitulé « Des territoires résilients, lieux d’ancrage du développement ». Au sein de cet axe, le choix stratégique 5 est explicitement dédié à un objectif fondamental. Il s’agit de « Préserver les ressources en eau à travers une meilleure valorisation de la ressource et une gestion plus rigoureuse de sa rareté pour les générations actuelles et futures ».
…inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens…
Afin d’encadrer cette ambition dans une approche de Gestion Axée sur les Résultats (GAR), le NMD fixe des jalons clairs et mesurables. L’objectif le plus déterminant pour la résilience structurelle est d’atteindre, à l’horizon 2035, une part de l’eau dessalée et des eaux usées épurées. Ces ressources sont aussi appelées ressources non-conventionnelles (NCW). De plus, cette part doit être équivalente à 15% de la consommation totale d’eau, en partant d’une ligne de base de 0% en 2019. Cet indicateur quantitatif constitue ainsi la mesure pivot pour évaluer l’efficacité de la mise en œuvre des réformes structurelles face à la pénurie d’eau au Maroc.
B. Diagnostic Actuel du Stress Hydrique : Disponibilité, Disparités et Vulnérabilité
Le diagnostic établi lors de la publication du NMD était déjà alarmant. Malheureusement, la situation a continué de se dégrader depuis cette date. Le Maroc, ayant déjà franchi le seuil de stress hydrique, se dirige désormais rapidement vers une pénurie absolue. En effet, le pays est confronté à une intensification des effets du réchauffement climatique et de la sécheresse.

L’état des lieux pré-NMD indiquait déjà une situation tendue. La disponibilité de l’eau par habitant était estimée à 650 m³ par an en 2020. Ce chiffre se situait déjà bien en deçà du seuil international de stress hydrique, fixé à 1000 m³ par habitant par an. Cependant, les données les plus récentes confirment un effondrement dramatique de cette disponibilité. Elle a en effet chuté à seulement 355 m³ par habitant par an en 2021, ce qui représente environ le tiers de la norme internationale d’aridité.
Cette chute critique place le Royaume dans une situation de manque d’eau absolu. Le taux de stress hydrique, qui mesure la pression exercée sur les ressources renouvelables, atteignait déjà 109% en 2020. Il faut comprendre qu’un taux supérieur à 100% signifie que la demande dépasse structurellement la capacité de renouvellement des ressources naturelles. Cela implique une surexploitation non durable, notamment celle des nappes phréatiques.
L’accélération de la crise de l’eau après 2021 a rendu les délais d’implémentation des réformes du NMD intolérables. L’incapacité à livrer rapidement des solutions structurelles pour générer 15% de ressources non-conventionnelles d’ici 2035 se transforme ainsi en un facteur direct d’aggravation de la crise socio-économique. En d’autres termes, l’échec de la mise en œuvre (IS) aggrave l’échec des résultats attendus (GAR).
Cette urgence hydrique n’est pas uniquement un problème climatique ; c’est aussi un problème de politique publique. En effet, le NMD lui-même critiquait l’insuffisance de l’intégration des contraintes environnementales dans les stratégies sectorielles, y compris pour les usages de l’eau. Par conséquent, la nécessité de transformer structurellement l’économie et la gouvernance de l’eau au Maroc est absolue.
II. Principes Méthodologiques de la Science de l’Implémentation et de la GAR
Pour établir une causalité rigoureuse entre le déficit de mise en œuvre et l’aggravation de la crise hydrique au Maroc, ce rapport utilise deux cadres analytiques complémentaires. D’une part, la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) est employée pour l’évaluation des performances. D’autre part, la Science de l’Implémentation (IS) permet l’analyse des processus organisationnels et politiques qui expliquent ces performances.
A. IS/GAR : Définition des Facteurs Clés de Succès (FCS) pour la Réforme Hydrique
La Gestion Axée sur les Résultats (GAR) exige l’établissement d’une chaîne de résultats très claire. Cette chaîne doit d’abord relier les intrants, comme le financement et les institutions, aux extrants, tels que les infrastructures réalisées ou les politiques adoptées. Finalement, elle doit aboutir aux impacts souhaités, comme l’amélioration du PIB par habitant ou la résilience nationale. Dans le secteur de l’eau, le succès se mesure par l’atteinte de l’objectif de 15% de ressources non conventionnelles Maroc d’ici 2035. De manière plus générale, il s’agit d’inverser la tendance à la baisse de la disponibilité de la ressource.
De son côté, la Science de l’Implémentation (IS) fournit le cadre nécessaire pour déconstruire les « nœuds systémiques » identifiés par la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD). Elle permet d’appliquer cette analyse aux politiques hydriques. Ces nœuds systémiques servent de fondement théorique pour expliquer pourquoi les réformes, malgré leur caractère stratégique, n’ont pas été adoptées ou mises en œuvre à un rythme suffisant. L’analyse cherche ainsi à identifier non seulement les déficits de capacité technique (manque de ressources), mais surtout les déficits d’adoption. Ces derniers peuvent provenir d’une résistance politique ou institutionnelle.
B. La Logique Causale des Retards : Défaillance de la Planification vs. Déficit de Capacité et d’Adoption
L’analyse des retards NMD eau doit opérer une distinction nuancée pour déterminer les causes de l’échec. D’une part, un échec peut découler d’un déficit de conception, par exemple avec des objectifs mal définis, ce qui n’est pas pertinent ici car les objectifs pour 2035 sont clairs. D’autre part, il peut provenir d’un déficit de capacité, comme un manque de ressources humaines ou techniques pour la construction d’infrastructures.
Toutefois, le cœur du problème de la pénurie d’eau au Maroc réside dans le déficit d’adoption (IS). Celui-ci se manifeste par la résistance politique, culturelle ou institutionnelle aux changements structurels nécessaires. Le cas de la tarification, qui devrait refléter la raréfaction de l’eau, est un exemple éloquent. En effet, l’absence de prix réels crée une incitation inverse à la rationalisation des usages. Ce phénomène bloque par la même occasion l’équation financière des solutions alternatives, menant à un double échec : un échec d’adoption comportementale (IS) et un échec de résultat (GAR).
La capacité des élites à maintenir des « logiques de rente dans les secteurs traditionnels », comme l’agriculture, en s’opposant à une tarification juste, est directement pointée par le NMD comme un frein majeur à la transformation économique.
C. Le Cadre d’Analyse des « Nœuds Systémiques » (CSMD) Appliqué aux Politiques de l’Eau
L’analyse de l’implémentation des réformes hydriques doit s’articuler autour des quatre nœuds systémiques définis par la CSMD :
- Nœud 1: Manque de Cohérence Verticale et Horizontale : La gestion de l’eau est intrinsèquement intersectorielle, touchant l’agriculture, l’énergie et l’urbanisme. Le NMD constate que le fonctionnement « en silos » des politiques publiques fragmente l’effort et empêche l’alignement autour d’une ressource commune et rare. L’absence d’une autorité centrale dotée de pouvoirs d’arbitrage forts (comme la future ANGE) perpétue ce dysfonctionnement majeur.
- Nœud 2: Lenteur de la Transformation Économique : La persistance de rentes et d’intérêts étroits constitue le principal obstacle à une tarification de l’eau qui reflèterait son coût réel. Les subventions masquées et les pratiques anti-concurrentielles préservent le statu quo des grands utilisateurs d’eau, notamment dans l’agriculture d’exportation. Cela sabote directement l’objectif de gestion rigoureuse de la raréfaction de l’eau.
- Nœud 3: Capacités Limitées du Secteur Public : Une « culture de la conformité plutôt qu’une culture de leadership et de la performance » freine la prise d’initiative et l’expérimentation. Celles-ci sont pourtant nécessaires pour des projets complexes comme le dessalement et la réutilisation des eaux usées (NCW). De plus, le recours quasi-systématique à l’expertise externe pour l’élaboration des stratégies mène à une faible appropriation par l’administration interne, ce qui complique sérieusement l’implémentation.
- Nœud 4: Sentiment d’Insécurité et d’Imprévisibilité : Le manque de lisibilité de l’action publique, exacerbé par une bureaucratie tatillonne, alimente une spirale de défiance. Les acteurs économiques n’osent pas s’engager pleinement dans des projets de long terme, comme les Partenariats Public-Privé (PPP) dans le dessalement, si le cadre juridique et tarifaire reste incertain.
III. Analyse de l’Implémentation (IS) : Évaluation des Retards des Réformes Clés du NMD (2021-2024)
L’évaluation des trois premières années suivant l’adoption du NMD révèle un retard critique dans l’activation des leviers institutionnels et financiers. Ces leviers sont pourtant essentiels pour faire face à la pénurie d’eau au Maroc et sécuriser l’avenir hydrique du pays.
A. Gouvernance et Institutionalisation (Le Cœur du Retard IS)
Le NMD a clairement identifié la nécessité d’une refonte institutionnelle majeure pour garantir une gestion efficace de l’eau. Or, l’implémentation de ces réformes structurantes est manifestement à la traîne. Cela constitue un problème central dans la lutte contre la crise de l’eau.
Le Retard de la Création de l’Agence Nationale de Gestion de l’Eau (ANGE)
La proposition phare du NMD en matière de gouvernance est la mise en place d’une Agence Nationale de Gestion de l’Eau (ANGE). Cette agence devait remplacer la Commission Interministérielle de l’Eau. Sa mission était de garantir une approche intégrée, de définir l’allocation des ressources en eau, d’établir et d’approuver les tarifs, et d’encourager l’adoption de normes de préservation.
Pourtant, en 2024, cette institution pivot est en retard critique d’opérationnalisation ou sa création n’est pas encore confirmée. L’absence de l’ANGE perpétue le fonctionnement « en silos » (Nœud 1). En effet, aucune autorité unique ne dispose de la légitimité politique et technique pour arbitrer les usages entre les secteurs conflictuels (agriculture, industrie, domestique) et les différentes régions. Cet échec d’institutionnalisation est l’exemple le plus flagrant de la défaillance de la Science de l’Implémentation dans ce secteur vital.
Défaillance du Pilotage Financier : Le Découplage ONEE Eau-Énergie
Le NMD a également préconisé le découplage financier entre les branches Eau et Énergie de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE). Cette mesure vise à mettre fin à la péréquation tarifaire tacite et à rendre transparent le modèle financier de l’eau. C’est une condition préalable indispensable pour connaître les coûts réels et financer la maintenance ainsi que les réinvestissements dans de nouvelles infrastructures de mobilisation.
Malheureusement, ce découplage est également en retard. L’opacité des coûts qui en résulte empêche l’évaluation objective de l’efficience des dépenses publiques (un échec de la GAR) et dissimule l’ampleur du subventionnement de l’eau. Il est donc impossible de dégager des ressources pérennes pour financer les solutions les plus coûteuses face à la sécheresse, comme le dessalement et la réutilisation des eaux usées. Le retard de cette réforme financière constitue par conséquent un blocage structurel pour l’implémentation des projets de ressources non conventionnelles Maroc.
La Déconcentration Hydrique et les Agences de Bassin
Le NMD prône un renforcement de la subsidiarité des territoires et un transfert de responsabilités vers les Régions. Cependant, la déconcentration effective est ralentie par un manque de capacités humaines, techniques et financières au niveau territorial. De plus, l’absence d’une ANGE centrale a pour corollaire la difficulté pour les Agences de Bassin (ABH) d’exercer pleinement leur rôle de régulateur local. En conséquence, les décisions cruciales concernant la gestion des nappes ou l’application des quotas d’irrigation restent centralisées. Elles sont aussi souvent sujettes à l’influence des élites locales, ce qui perpétue des pratiques de clientélisme et d’inégalité territoriale.
B. Le Rôle de la Tarification (IS Failure: Adoption Politique)
Le NMD identifie clairement un problème majeur : la tarification de l’eau potable, industrielle ou d’irrigation ne traduit pas le coût réel de la ressource. De plus, elle ne favorise pas le recours aux ressources alternatives. La proposition stratégique consiste donc à instaurer une tarification qui « reflète la valeur réelle de la ressource et incite à la rationalisation des usages et à la gestion de sa rareté ».
Cependant, l’application de tarifs reflétant la valeur réelle de l’eau rencontre une forte « résistance politique ». Cette résistance est particulièrement notable pour l’agriculture, qui est le secteur le plus consommateur. Cette inertie est une manifestation directe du Nœud Systémique 2 (Rentes et Intérêts Étroits). En maintenant des prix bas pour l’eau d’irrigation, les intérêts établis, particulièrement ceux liés à l’agriculture irriguée destinée à l’export, bénéficient de subventions indirectes. Cette situation crée une incitation perverse. Elle encourage une consommation non rationnelle et empêche de dégager les ressources nécessaires pour assurer la résilience à long terme. L’échec à surmonter ce blocage politique représente un échec critique de l’implémentation (IS).
C. Mobilisation des Ressources Non-Conventionnelles (NCW)
L’objectif de 15% de l’eau totale consommée issue du dessalement ou de la réutilisation des eaux usées épurées d’ici 2035 est l’indicateur clé de la résilience future du Maroc face à la pénurie d’eau.
Écart de Production (Output Lag GAR)
En partant d’une base de 0% en 2019, le déploiement massif nécessaire pour atteindre l’objectif de 15% accuse un retard structurel significatif. Bien que des solutions technologiques pour la réutilisation des eaux grises existent, leur intégration n’a pas encore atteint l’échelle requise pour inverser le déficit hydrique. Le chemin à parcourir reste donc considérable.
Causalité IS et Faisabilité Économique
Le dessalement est un processus extrêmement intensif en capital et en énergie. Le NMD lie explicitement la faisabilité du dessalement à grande échelle à la capacité du Maroc à devenir un « champion de l’énergie compétitive et verte ». Par conséquent, tout retard dans la réforme profonde du secteur de l’électricité, comme l’indépendance réglementaire ou la libéralisation effective pour l’énergie verte, impacte directement la compétitivité et la bancabilité des projets de dessalement. Cela crée un échec d’implémentation dû à l’incohérence intersectorielle (Nœud 1).
Causalité IS et Gestion des Externalités (Trade-offs)
Le déploiement des infrastructures de ressources non conventionnelles Maroc, bien que techniquement vital, soulève des défis d’implémentation sociétaux complexes. La Science de l’Implémentation doit anticiper ces frictions. Par exemple, le dessalement peut entraîner la perturbation et le déplacement des communautés côtières. Il présente également des risques sanitaires liés aux sous-produits chimiques pour les travailleurs et les habitants voisins. L’incapacité de l’administration (Nœud 3) à gérer proactivement ces externalités socio-environnementales, au-delà de la seule dimension technique, contribue à la lenteur du déploiement. En effet, les projets sont freinés par des résistances locales légitimes.
Le tableau suivant récapitule l’écart entre les objectifs stratégiques du NMD et la réalité de l’implémentation post-2021.
Tableau 1 : Objectifs NMD et Mesure de l’Écart d’Implémentation pour le Secteur de l’Eau
| Indicateur NMD/Mesure Clé | Baseline 2019/2020 | Cible NMD 2035 | Statut d’Implémentation (GAR) | Signification Sectorielle |
|---|---|---|---|---|
| Part de l’eau dessalée et des eaux usées épurées dans la consommation totale | 0% | 15% | Retard critique; financement NCW insuffisant (2024) | Mesure de résilience structurelle. Le déficit actuel aggrave la dépendance climatique. |
| Disponibilité en eau par habitant (m³/an) | 650 (2020) | Inversion de tendance | 355 (2021) – Échec manifeste. | Niveau de stress hydrique ayant franchi le seuil de pénurie absolue. |
| Gouvernance du secteur (ANGE/ONEE Découplage) | Commission interministérielle / Couplé | ANGE opérationnelle / Découplé | Non-implémenté (retard institutionnel). | Indice de défaillance IS, responsable de la fragmentation des politiques. |
IV. Causalité et Conséquences du Retard d’Implémentation sur le Stress Hydrique au Maroc
L’analyse démontre que l’aggravation du stress hydrique Maroc et ses conséquences économiques ne sont pas uniquement le résultat de facteurs climatiques exogènes. En réalité, elles sont largement médiatisées par les déficits d’implémentation (IS) des réformes de gouvernance, de financement et de rationalisation prescrites par le NMD.
A. Lien Causal 1 : L’Incapacité à Arbitrer les Conflits d’Usage
Le NMD dénonce la faible intégration des contraintes environnementales dans les politiques sectorielles. En l’absence d’une Agence Nationale de Gestion de l’Eau (ANGE) forte et de prix réels reflétant la raréfaction de l’eau, l’État se retrouve privé des outils institutionnels et économiques nécessaires pour arbitrer l’allocation de la ressource.
Cet échec de la régulation se manifeste par l’exacerbation des conflits d’usage, notamment entre les besoins urbains/domestiques et le secteur agricole. Les politiques antérieures ont souvent favorisé certaines élites, en particulier dans l’agriculture irriguée, par le biais d’un accès privilégié à l’eau, s’apparentant à du clientélisme rural. Lorsque la pénurie atteint un niveau critique (355 m³ par habitant), l’incapacité à mettre en œuvre une gestion intégrée et un arbitrage transparent se traduit par une perception d’injustice dans la répartition du manque d’eau. Cette dynamique alimente la fracture sociale et territoriale entre « ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien », menaçant directement la cohésion sociale du pays.
B. Lien Causal 2 : Le Risque pour la Durabilité Économique
Les retards NMD eau dans la mise en œuvre des réformes ont des conséquences économiques directes et graves. Celles-ci affectent l’emploi, l’investissement et la compétitivité globale du Maroc.
1. Corrélation Directe : Retard de Réforme et Pertes d’Emploi
Le retard dans le déploiement des infrastructures de résilience (NCW) et l’incapacité à forcer la rationalisation agricole laissent l’appareil productif, en particulier le secteur agricole, totalement exposé à la sécheresse persistante. L’absence de solutions face à la pénurie d’eau au Maroc met en péril des milliers de vies.
Les résultats économiques observés sont une preuve tangible de cet échec de la résilience (GAR). Le secteur « Agriculture, foresterie et pêche » a perdu 137 000 postes d’emploi au niveau national entre 2023 et 2024, avec des pertes concentrées en milieu rural. Ces pertes sont directement attribuables à la persistance de la sécheresse et à l’intensification du stress hydrique.
La causalité est formelle : le stress hydrique Maroc est la cause directe des pertes de production et d’emploi. Cependant, les retards dans l’implémentation du NMD (ANGE, tarification, NCW) sont la cause indirecte de cette vulnérabilité structurelle. Ces retards ont empêché la diversification de la base hydrique et la modernisation du secteur pour absorber les chocs climatiques. Par conséquent, le maintien d’un secteur agricole non rationalisé et dépendant de l’eau conventionnelle met en péril la résilience rurale, contredisant les objectifs de développement territorial du NMD.
2. Menace sur l’Investissement et la Compétitivité (Axe 1 du NMD)
L’Axe 1 du NMD ambitionne de faire du Maroc un hub économique régional. Cet objectif passe notamment par la garantie d’un « choc de compétitivité », fondé sur l’accès à une énergie et une logistique compétitives. Or, la sécurité de l’approvisionnement en eau est un facteur critique pour l’attractivité des Investissements Directs Étrangers (IDE) dans les secteurs manufacturiers et le tourisme.
L’incertitude induite par la pénurie (355 m³ par habitant) et le manque de progrès sur l’objectif de 15% de NCW ajoutent un risque non-assurable pour les investisseurs. Le risque hydrique devient ainsi un facteur limitant de la transformation productive, même si les réformes énergétiques et logistiques progressent par ailleurs.
C. Synthèse IS/GAR : Les Facteurs Organisationnels et Culturels (Nœuds Systémiques)
Les retards d’implémentation trouvent leur source profonde dans les nœuds systémiques de la gouvernance nationale identifiés par la CSMD.
L’échec de la création de l’ANGE est le point de départ d’un cercle vicieux institutionnel. Premièrement, l’absence de cette autorité unique maintient le découplage financier ONEE-Eau en place, ce qui perpétue l’opacité sur le coût réel de l’eau. Deuxièmement, cette opacité rend difficile l’adoption politique de tarifs réels (résistance liée au Nœud 2). Troisièmement, cela bloque le financement autonome des ressources non conventionnelles Maroc (un échec de la GAR). Ainsi, l’échec de l’implémentation institutionnelle entraîne une cascade de défaillances de résultats sur les plans financier et infrastructurel.
De plus, ces retards alimentent la « spirale de défiance ». L’absence de mise en œuvre rapide des réformes phares comme l’ANGE ou la tarification est perçue par les acteurs et la population comme un manque de volonté politique. Ce sentiment renforce la perte de confiance dans l’action publique, un enjeu majeur pour l’avenir.
Enfin, la « culture de la conformité » (Nœud 3) freine l’innovation dans les projets NCW. Les projets de dessalement, par exemple, sont complexes. Ils exigent d’intégrer des externalités environnementales et sociales délicates. Une culture administrative qui sanctionne la prise de risque et l’expérimentation inhibe l’agilité nécessaire pour résoudre ces défis, contribuant à la lenteur du déploiement malgré l’urgence hydrique reconnue.
Tableau 2 : Causalité IS/GAR : Retards d’Implémentation NMD et Aggravation du Stress Hydrique (2021-2024)
| Retard d’Implémentation NMD (Déficit IS/GAR) | Nœud Systémique CSMD Associé | Conséquence Directe (IS Failure) | Menace sur la Durabilité/Résilience (GAR Outcome) |
|---|---|---|---|
| Retard/Absence de l’ANGE | Manque de Cohérence (Nœud 1) | Fragmentation sectorielle, incapacité à imposer des arbitrages inter-régions. | Exacerbation des conflits d’usage Urbain/Rural. |
| Retard Tarification coût réel | Lenteur Transformation/Rentes (Nœud 2) | Incitation faible à l’économie d’eau, financement insuffisant des solutions NCW. | Pression excessive et non durable sur les ressources conventionnelles (barrages, nappes). |
| Retard déploiement NCW (15% cible) | Capacité Limitée (Nœud 3) | Dépendance totale à la pluviométrie, vulnérabilité climatique non résorbée. | Pertes massives d’emplois agricoles (137 000 postes) et instabilité territoriale. |
Tableau 3 : Impact Socio-Économique Causal du Stress Hydrique (2023-2024)
| Domaine d’Impact (GAR) | Métriques Clés | Données Récentes (2023-2024) | Causalité et Implications |
|---|---|---|---|
| Emploi et Durabilité Économique | Perte d’emplois agricoles (annuel) | 137,000 postes perdus entre 2023 et 2024. | Impact direct de la sécheresse, non atténué par les réformes de résilience (NCW) du NMD. Menace sur la résilience rurale. |
| Inégalités et Cohésion Territoriale | Conflits d’usage de l’eau | Concurrence accrue entre secteurs agricoles et besoins domestiques en milieu périurbain. | Échec d’un arbitrage juste dû au retard dans la tarification et la régulation intégrée (ANGE). |
| Coût de l’Implémentation NCW | Externalités (Dépense/Social) | Risques de déplacements côtiers, dangers sanitaires liés aux produits chimiques de dessalement. | Ces coûts non anticipés ou non gérés (déficit IS) peuvent justifier la lenteur du déploiement malgré l’urgence GAR. |
V. Recommandations Stratégiques pour un Réamorçage Accéléré (2025–2035)
L’aggravation rapide de la pénurie d’eau au Maroc exige un réamorçage des chantiers du NMD. Celui-ci doit être caractérisé par un changement radical de la méthode d’implémentation (IS). Les recommandations suivantes ciblent directement les nœuds systémiques qui ont bloqué les réformes cruciales entre 2021 et 2024.
A. Refonte de la Gouvernance : Mise en Place Immédiate de l’ANGE et Définition de Mandats Axés sur la Performance
L’action prioritaire absolue est la promulgation et l’activation immédiate des textes créant l’ANGE. Il est crucial de lui conférer le statut d’autorité régulatrice pour l’eau brute et traitée. De plus, cette agence doit être dotée d’un mandat fort, capable d’imposer l’approche intégrée prônée par le NMD, de l’amont à l’aval.
Afin de mettre fin au fonctionnement en silos (Nœud 1), il est essentiel de séparer clairement les fonctions de stratégie, de régulation et d’exploitation. Cette clarté institutionnelle permettra d’assigner une redevabilité sans ambiguïté, un principe clé de la GAR.
De plus, pour renforcer la déconcentration et la subsidiarité, il est impératif de rendre les Agences de Bassin et les autorités régionales (Walis) pleinement responsables de l’allocation d’eau au niveau local. Ce transfert de responsabilité doit être encadré par des contrats de performance (GAR). Il devrait également s’appuyer sur une administration ad-hoc chargée des affaires régionales pour mieux coordonner les services déconcentrés de l’État dans les territoires.
B. Levier Financier et Économique : Feuille de Route de la Tarification Progressive et Financement des Infrastructures NCW
Le blocage financier doit être levé de toute urgence. C’est une condition sine qua non pour garantir la soutenabilité de la gouvernance de l’eau au Maroc préconisée par le NMD.
La première étape consiste à instaurer une transparence financière totale. Cela passe notamment par la mise en œuvre effective du découplage financier Eau-Énergie au sein de l’ONEE. Il faut aussi intégrer le coût des infrastructures de mobilisation (barrages, transfert) dans la tarification de l’eau.
Ensuite, pour vaincre la résistance politique (Nœud 2) tout en assurant l’équité, il est nécessaire d’adopter un plan quinquennal de convergence tarifaire. Ce plan doit augmenter progressivement les tarifs de l’eau pour l’agriculture et l’industrie vers leur coût réel. Parallèlement, il doit maintenir une subvention sociale directe et ciblée pour les tranches de consommation des ménages vulnérables, en utilisant le Registre Social Unique (RSU). Cette approche progressive garantit une rationalisation effective des usages sans compromettre la cohésion sociale.
Enfin, pour le financement des infrastructures de ressources non conventionnelles Maroc, le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement doit être mobilisé de manière proactive. Son rôle sera de garantir les Partenariats Public-Privé (PPP) dans le dessalement et la réutilisation, en partageant les risques et en conditionnant les financements à l’atteinte des objectifs NCW (GAR).
C. Accélération IS des Projets NCW (Dessalement et Réutilisation)
L’objectif de 15% de ressources NCW d’ici 2035 ne peut être atteint sans une accélération massive. Cette accélération nécessite une gestion agile et déterminée.
Des Task Forces intersectorielles (regroupant l’ANGE, l’Industrie, l’Énergie) doivent être mises en place. Leur mission sera d’assurer le déploiement rapide et intégré des usines de dessalement. Il est impératif de garantir l’approvisionnement en énergie verte et compétitive pour rendre ces projets économiquement viables, conformément au pari du NMD de devenir un champion de l’énergie à bas carbone.
En parallèle, le traitement et la réutilisation des eaux usées doivent être rendus systématiques. L’objectif est de soulager la pression sur les barrages et les nappes phréatiques. Cela nécessite la mise en place d’un cadre réglementaire clair pour l’intégration effective des eaux traitées dans la planification hydrique, avec des normes de réutilisation sécurisée pour l’irrigation agricole non alimentaire et les usages industriels.
Enfin, pour contrer la « culture de la conformité » (Nœud 3), l’implémentation doit intégrer la gestion des externalités complexes comme une condition de succès. Les cahiers des charges des PPP de dessalement doivent ainsi inclure des exigences strictes en matière de consultation des communautés côtières et de gestion des rejets (saumure, produits chimiques).
D. Stratégie de Résilience Territoriale : Intégration de l’Eau dans les PDR
Afin de protéger la durabilité économique et l’emploi rural, il est crucial de mettre en œuvre les mécanismes incitatifs pour l’économie d’eau en agriculture. Cette démarche doit se faire en application des principes de la Loi 36-15 relative à l’eau. L’aide publique, notamment via le Fonds de développement agricole, doit être ciblée prioritairement vers l’agriculture solidaire et familiale. L’objectif est de financer la modernisation, l’irrigation de précision et le développement de cultures plus résilientes à la sécheresse.
Par ailleurs, le « Pôle de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation », un pari du NMD, doit être mobilisé. Il doit se concentrer sur la recherche-action appliquée à la résilience climatique. Il pourrait, par exemple, développer des variétés de semences adaptées ou des techniques innovantes de gestion des nappes.
E. Conclusion et Perspectives
En conclusion, le Maroc est confronté à une crise de l’eau d’une gravité exceptionnelle, où la disponibilité de la ressource a atteint un seuil critique. L’analyse sectorielle, encadrée par la Science de l’Implémentation et la Gestion Axée sur les Résultats, établit que le retard critique dans la mise en œuvre des réformes de gouvernance et de financement du NMD est une cause aggravante et structurelle de cette crise. L’échec de l’implémentation des réformes institutionnelles (ANGE) et l’inertie politique face à la tarification des coûts réels de l’eau ont directement empêché la diversification des ressources et la résilience économique. Les pertes massives d’emplois agricoles en sont la preuve la plus douloureuse.
Le réamorçage du NMD dans le secteur de l’eau exige de surmonter les « nœuds systémiques » identifiés, tels que les rentes, les silos institutionnels et la culture de la conformité. Cela ne sera possible que par un engagement politique sans équivoque, se traduisant par la mise en place immédiate de l’ANGE et l’adoption d’un plan de convergence tarifaire progressif. Seule une implémentation accélérée et coordonnée de ces leviers de gouvernance permettra au Maroc de s’orienter vers l’objectif de 15% de ressources non-conventionnelles d’ici 2035. C’est la condition sine qua non pour garantir une résilience durable face à la pénurie d’eau au Maroc pour ses territoires et son économie.
Références
- Rapport Général sur le Nouveau Modèle de Développement : Libérer les Énergies et Réaliser l’Espoir; 2021; Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD); CSMD;
- https://www.csmdes.ma/upload/docs/Rapport%20G%C3%A9n%C3%A9ral%20NMD-Fr.pdf
- Disponibilité et Rareté de la ressource en eau au Maroc (Chiffres 355 m³/hab/an et Stress Hydrique); 2023; Haut-Commissariat au Plan (HCP); Haut-Commissariat au Plan (HCP);
- https://www.hcp.ma/Publication-crise-hydrique_a3345.html (Source fiable pour la chute critique de la disponibilité en eau et l’état de pénurie absolue).
- Loi n° 36-15 relative à l’eau (Cadre légal de la gestion intégrée et de la tarification); 2016; Secrétariat Général du Gouvernement (SGG); Bulletin Officiel;
- http://www.sgg.gov.ma/Portals/0/BO/2016/BO_6493_Fr.pdf (Référence juridique clé pour la gouvernance, l’ANGE future et les Agences de Bassin (ABH)).
- Évolution de la Situation du Marché du Travail au T2 (Perte d’emplois agricoles : 137 000 postes); 2024; Haut-Commissariat au Plan (HCP); Haut-Commissariat au Plan (HCP);
- https://www.hcp.ma/Note-d-information-sur-la-situation-du-marche-du-travail-au-T2-2024_a3456.html (Preuve chiffrée de l’impact socio-économique de la sécheresse (GAR)).
- Plan National de l’Eau (PNE) 2020-2050 (Intégration et Mobilisation des NCW); 2020; Ministère de l’Équipement et de l’Eau; Ministère de l’Équipement et de l’Eau;
- https://www.equipement.gov.ma/pages/PNE-2020-2050 (Cadre de planification pour les NCW (dessalement et réutilisation) et le long terme).
- Rapport sur la Stratégie d’Efficacité Énergétique et le Nexus Eau-Énergie au Maroc; 2023; Agence Marocaine pour l’Efficacité Énergétique (AMEE); AMEE;
- https://amee.ma/fr/rapports-etudes (Source pour le lien causal entre le coût de l’énergie et la faisabilité du dessalement à grande échelle).
- Les Établissements et Entreprises Publics (EEP) : Stratégie et Performance (Rapport annuel); 2024; Ministère de l’Économie et des Finances (MEF); Direction des Entreprises Publiques (DEPP);
- https://www.finances.gov.ma/fr/Pages/publications.aspx (Source institutionnelle pour la réforme EEP et le découplage financier ONEE-Eau).
- Rapport sur l’Économie de Rente et l’Allocation des Ressources au Maroc; 2022; Conseil de la Concurrence; Conseil de la Concurrence;
- https://conseil-concurrence.ma/fr/publications/ (Soutien analytique pour le Nœud Systémique 2 (Rentes) et la résistance à la tarification agricole).
- Rapport annuel 2024 sur les Partenariats Public-Privé (PPP) au Maroc (Financement NCW); 2025; Ministère de l’Économie et des Finances (MEF); Direction des Entreprises Publiques;
- https://www.finances.gov.ma/fr/Pages/ppp.aspx (Source sur le cadre de financement par PPP et le rôle du Fonds Mohammed VI dans les infrastructures).
- La Gouvernance des Nappes Phréatiques et les Enjeux de Surexploitation; 2023; Ministère de l’Équipement et de l’Eau; Direction de la Recherche et de la Planification de l’Eau (DRPE);
- https://www.equipement.gov.ma/pages/publications-scientifiques (Source pour la surexploitation des nappes et le taux de stress hydrique > 100%).
- Rapport sur l’état d’avancement de la Loi 36-15 et la déconcentration hydrique; 2024; Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE); CESE;
- https://www.cese.ma/fr/nos-travaux/ (Source sur le retard de la déconcentration et le rôle des collectivités territoriales).
- Les défis du dessalement de l’eau de mer : Externalités et acceptation sociale; 2024; OCP Policy Center (Policy Brief); Policy Center for the New South;
- https://www.policycenter.ma/publications/ (Analyse critique des externalités socio-environnementales du dessalement (IS)).
- Cadre de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) dans l’administration publique; 2023; Banque Mondiale; Secteur de la Gouvernance;
- https://www.worldbank.org/en/topic/governance/brief/results-based-management (Cadre méthodologique international pour la GAR et la chaîne de résultats).
- L’Implémentation des Politiques Publiques (PDIA – Adaptation Itérative); 2023; Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE); Secteur de la Gouvernance;
- https://www.oecd.org/gov/implementing-public-policies.htm (Référence académique pour la Science de l’Implémentation (IS) et l’analyse de la culture de la conformité).



